L’Observatoire tunisien des eaux exprime son refus total de la nouvelle tarification de l’eau car elle va alourdir les charges du citoyen, d’une part, et désengage l’Etat de son rôle social et de faire bénéficier le citoyen de son droit à l’eau, d’autre part.
Une décision émanant du ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche relative à la hausse du tarif de l’eau potable en date du 6 avril 2020 a été contestée par l’Observatoire tunisien des eaux (Nomad08) qui souligne que «cette décision intervient dans un contexte qui se caractérise par une crise du secteur de l’eau. Celle-ci se traduit notamment par l’absence d’une stratégie nationale de gestion des ressources hydriques, ce qui a eu pour conséquence des coupures d’eau dans plusieurs zones du pays».
Cette décision est également, selon la même source, une exécution des ordres de parties extérieures qui fournissent des crédits à notre pays et particulièrement le Fonds allemand pour la reconstruction qui a imposé des conditions liées à l’octroi d’un crédit destiné à renforcer le budget de l’Etat. Parmi ces conditions, l’augmentation du prix de l’eau potable à 150 millimes le litre.
Décision unilatérale
La décision ministérielle aggrave la crise pour les catégories sociales vulnérables et les privent de leur droit élémentaire et vital dans la mesure où le droit à l’eau s’inscrit dans le sens du droit à la vie. L’Observatoire estime, par ailleurs, que cette décision met en cause la souveraineté nationale sur les ressources en eau. La rédaction de cette décision a été effectuée d’une façon unilatérale sans consultation des structures et établissements intervenants dans le secteur.
Pourtant, le cadre législatif du secteur de l’eau reste encore à l’examen à l’Assemblée des représentants du peuple. Face à cette situation précaire, l’Observatoire tunisien des eaux exprime son refus total de la nouvelle tarification de l’eau, car elle va alourdir les charges du citoyen, d’une part, et désengage l’Etat de son rôle social et de faire bénéficier le citoyen de son droit à l’eau, d’autre part. Un soutien inconditionnel est fourni par l’Observatoire aux affaires de droit et aux catégories sociales vulnérables.
Il appelle les parties prenantes à se référer aux articles 13 et 44 de la Constitution qui évoquent la propriété du peuple tunisien des ressources naturelles et la consécration du droit à l’eau par l’Etat. L’Observatoire refuse catégoriquement la hausse du tarif de l’eau susceptible d’alourdir les charges des catégories sociales vulnérables. Un appel est également lancé aux autorités compétentes pour instituer la gratuité des quantités d’eau vitales pour tous les citoyens sans exception.
L’Observatoire souligne, par ailleurs, la nécessité de mettre en place une stratégie urgente et efficiente pour la maîtrise des eaux, prenant en considération la spécificité des régions. Elle doit également permettre l’exploitation judicieuse des ressources hydriques nationales en assurant le droit des générations actuelles et futures en instaurant la souveraineté alimentaire du pays. Les composantes de la société civile et politique sont invitées, quant à elles, à s’aligner du côté de l’Observatoire et à assumer leur responsabilité en vue de défendre le droit du citoyen à l’eau qui une denrée vitale.